vendredi 25 juillet 2014

Fabrication d'un piège


 Fabrication du piège à frelon Asiatique



Depuis l’annonce dans ce Bulletin des premières captures de Vespa velutina
en 2005 et 2006 dans le Lot-et-Garonne (HAXAIRE et al., 2006) et la description d’un premier nid repéré dans ce même département en 2005 (VILLEMANT , sous presse), l’acclimatation en France de V. velutina igrithorax a été confirmée par un grand nombre de signalements, d’adultes comme de nids, dans au moins six départements du sud-ouest de la France. Nous présentons ici un bilan des premières données ecueillies sur les conditions probables d’introduction en France de cette espèce et sur l’étendue actuelle de son invasion. Vespa velutina
Lepeletier, 1836, a été décrit de Java (Indonésie). Présente du nord de
l’Inde à la Chine et de la péninsule indochinoise à l’archipel indonésien, cette espèce a une coloration très variable, qui a conduit à la reconnaissance d’une dizaine de sous-espèces (VANDE VECHT, 1957 ;
CARPENTER & KOJIMAN, 1997). La sous-espèce nigrithorax du Buysson,
1905, se distingue aisément de Vespa crabro Linné, 1758 (seule espèce du genre connue jusqu’ici en France) par son corps brun foncé et ses segments gastraux bordés d’une fine bande jaune. Seul le 4e segment du gastre porte une large bande jaune orangé (fig. 1). Selon CARPENTER & K OJIMAN (1997), V. velutina nigrithorax vit au nord de l’Inde Darjiling, Sikkim),
au Buthan, en Chine et dans les montagnes de Sumatra et de Sulawesi (Indonésie). L’espèce a été observée en 2006 pour la première fois en Corée.
Dans les pays d’Asie continentale où Vespa velutina se développe, les conditions climatiques sont comparables à celles du sud de l’Europe. Comme la Pélopée originaire des régions montagneuses d’Asie, Sceliphron curvatum (F. Smith, 1870) (Sphecidae), dont la répartition
en Europe s’est largement étendue depuis son signalement en Autriche en 1979 (BITSCH&BARBIER, on peut craindre que V. velutina ’envahisse peu à peu les parties les plus chaudes de l’Europe. Or, cette expansion n’est pas sans risque puisque l’insecte est un prédateur avéré d’autres
Hyménoptères sociaux et notamment des Abeilles. Au Kashmir comme en Chine, Vespa velutina est considéré comme un redoutable ennemi des ruchers (SHAH&SHAH. Le frelon peut détruire jusqu’à 30% d’une colonie de l’Abeille asiatique, ses ouvrières déciment une à une les gardiennes de la ruche avant de prélever le couvain dont elles            nourrissent leurs larves. A. cerana a heureusement développé une stratégie de défense très efficace. l’agresseur est rapidement entouré d’une masse compacte d’abeilles qui, en vibrant des ailes, font croître la température à l’intérieur de la "boule". Au bout de 5 minutes, celle-ci atteint 45° ; le frelon succombe alors d’hyperthermie tandis que les abeilles sont capables de supporter 5° de plus. Les attaques répétées de Vespa velutina entraînent cependant un affaiblissement de la ruche, car les ouvrières consacrent de moins en moins de temps à son approvisionnement. L’abeille européenne, Apis mellifera Linné, 1758, dont l’élevage s’étend en Asie depuis une cinquantaine d’années, utilise la même stratégie de défense, mais son adaptation au prédateur est plus récente et son efficacité moindre : la formation de la "boule" implique en effet un nombre plus réduit d’ouvrières, en se multipliant, devienne une menace pour l’apiculture. Afin d’évaluer l’étendue de son invasion grâce aux témoignages des habitants et des apiculteurs locaux. Nous pensions alors que l’éradication des premiers nids observés permettrait de limiter la dispersion de l’espèce. A cette date, en effet, V. velutina n’était signalé que de 5 communes du Lot-et-Garonne (Nérac, Villeton, Tonneins, Tombebœuf et Sainte-Livrade-sur-Lot), et seuls 4 nids avaient été recensés (3 en 2004 et 1 en 2005). A notre grande surprise, les nombreux témoignages (dont la validité a pu être confirmée) ont montré que V. velutina était en 2006 déjà largement répandu dans quatre départements d’Aquitaine et à leur périphérie. Son aire de distribution s’étend maintenant sur près de 300 km du nord au sud et 150 km d’est en ouest. La présence d’au moins une dizaine de nids a été attestée, la plupart dans le Lot-et-Garonne, mais aussi en Dordogne, en Gironde, dans les Landes et en Charente-Maritime. La plupart des nids repérés ont été détruits comme le sont chaque année les nids de frelons ou de guêpes trop proches des habitations, mais d’autres demeurent impossibles à localiser. V. velutina nidifie sous des abris aérés mais aussi dans la frondaison des arbres ou dans le creux des murailles, et beaucoup plus rarement dans une cavité du sol. Lorsque la colonie est installée dans un espace dégagé (bâtiment ouvert, arbre au port étalé), les ouvrières façonnent un nid de forme quasiment sphérique qui atteint souvent plus de 40 cm de diamètre. Les données transmises par le SRPV d’Aquitaine suggèrent que l’introduction de Vespa velutina en France est antérieure à 2004 : un producteur de bonzaïs de Sainte-Livrade-sur-Lot a en effet vu voler des frelons de couleur brune dès l’été 2004. Il a reconnu l’espèce qu’il avait remarquée lors d’un voyage en Chine, peu de temps auparavant. En automne 2004, après la chute des feuilles, il a découvert deux nids sphériques dans des arbres de son voisinage et les
a détruits à coups de fusil. En 2005, en en voyant voler à n
ouveau, il a capturé et, en 2006, a envoyé un spécimen à l'un de nous (J.-C. S.) qui a confirmé son identification. Selon le produc-teur de bonzaïs, ce frelon asiatique a pu être introduit dans les cartons de poteries chinoises qu’il importe régulièrement du Yunnan  depuis plusieurs années. Le transport de la marchandise par bateau ne durant qu’un mois, la survie de femelles fécondées à
l’intérieur des cartons a pu se faire sans problème si ces derniers ont été expédiés au cours de la période hivernale. Tous les observateurs en
France confirment que Vespa velutina n’est pas belliqueuse et
qu’on peut, comme pour Vespa crabro, observer son nid à 4 ou 5 mètres de distance sans risque d’attaque. En revanche, certains apiculteurs s’i
nquiètent en voyant leurs ruches beaucoup plus régulièrement et fortement attaquées par cette espèce que par le Frelon européen. Un apiculteur de Pessac (Gironde), qui capture chaque année environ 200 ouvrières de V. crabro devant ses ruches, a vu chaque jour des dizaines d’ouvrières de V. velutina attaquer ses abeilles : en vol stationnaire aux abords de la ruche, elles foncent sur les butineuses qui reviennent chargées de pollen, les font tomber au sol et les paralysent avant de les emporter. L’attaque est encore plus intense lorsque, après en avoir prélevé le miel, l’apiculteur expose les cadres de la ruche pour que les abeilles récupèrent les dernières traces de miel. Jusqu’ici, V. velutina
semble s’intéresser surtout aux abeilles adultes et ne pas pénétrer dans la ruche pour prélever du couvain, mais qu’en sera-t-il à la fin de l’été lorsque la production des sexués nécessitera un apport de nourriture plus important? Par chance, la conformation des ruches actuelles permet
généralement de réduire l’entrée à une étroite fente qui interdit la pénétration d’insectes de taille supérieure à celle des abeilles. A cette date, l’ampleur de l’invasion est telle que toute tentative d’éradication de Vespa velutina semble devenue inutile. Il ne reste qu’à suivre l’expa
nsion de cette espèce, nouvelle pour la faune européenne, qui sera probablement arrivée en Espagne pendant l’automne. Il serait utile dans le futur, si les conditions climatiques restent favorables à V. velutina, de vérifier si les deux espèces de Vespa présentes en France peuvent coha
biter et si, avec l’augmentation de ses effectifs, le comportement alimentaire du frelon asiatique pourrait avoir un impact négatif marqué sur les populations d’abeilles ou celles des autres guêpes sociales.




prisonnier dans le piège



video 2


        

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